En revenant, le cœur joyeux et l’âme sereine, du salon du livre de Monclar de Quercy… par Jean-Pierre MEYER.

Le Salon du Livre de Monclar de Quercy c’est d’abord une voix. Celle d’un homme à chemise à carreaux « que parla patoès » qui n’a guère besoin de micro pour qu’on sache qu’il est bien là ! Et heureusement qu’il l’est, là, car c’est lui et sa fabuleuse équipe de « 7 à lire » qui organisent cet évènement sur les hauteurs de ce beau pays quercynois. Là même où soufflent et se croisent les vents de l’amitié, des beaux mots, des partages, des imaginaires, des belles lectures, des échanges, des passions… un ouragan littéraire vous dis-je ! On reconnait ainsi les visiteurs de ce lieu à leurs coiffures échevelées et leurs postures courbées pour avoir lutté contre cette folle tempête…

Côté auteurs, on y croise les « incontournables », ceux qui ont l’assise littéraire confortable, qui sont ici chez eux, dans leur fauteuil, qui arborent la médaille d’or des fidèles, celle qui brille de partout, le « 7 à lire d’Or ! » oui, oui, avec même leurs noms gravés dessus ! Ils ont l’assurance des vieux briscards de la plume alerte, séduisent, fidélisent, trouvent les bons mots, les arguments imparables. Il y a aussi «  les discrets » qui se cachent derrière leurs piles branlantes de livres en équilibre, transpirent à l’approche du lecteur potentiel, envisagent la fuite, le sauve-qui-peut peu reluisant mais salvateur… mais restent finalement droits et dignes, laissant doucement venir les mots du cœur. Ceux-là même qui toucheront, émouvront… Il y a ensuite les « beaux parleurs », les hâbleurs, sûrs de leurs incontestables talents qui ne laissent pas d’autres alternatives que d’adhérer à leurs écrits et à leur génie, de le reconnaître et le célébrer… mais non, c’est une boutade, à Monclar, point d’individus prétentieux qui paradent bien plus dans les salons courus et mondains, l’humilité, l’émotion, la passion et le partage sont les seules «  brillances » acceptées et pratiquées. Mais je peux vous certifier que des talents, fichtre, il y en a à foison ! Il y a encore aussi les « modestes », les hésitants, qui poussent leurs livres du bout des doigts par-dessus la table sous laquelle ils sont camouflés. Ils tentent de faire découvrir leurs mots, leurs pages et si peu qu’ils entendent du fin fond de leur terrier : « Mais c’est géniaaaaal ! » surgiront comme un diablotin en affirmant : «  oui, oui, c’est bien moi l’auteur ! ». Et puis il y a les « bizus », les nouveaux, pour qui c’est le baptême Linassien qui frissonnent aux occitanes incantations du maître des lieux, qui jaugent, qui observent, qui découvrent et se demandent bien ce qu’ils sont venus faire dans cette galère avant de vite trouver leur place, leurs repères et découvrir le plaisir simple d’être là, avec ces quarante autres camarades de plume. Et puis il y a aussi peut-être quelques grincheux, des « pourquic’estjamaisbien » ? Non, évidemment pas ici. Ici chacun sait bien qu’on fait le maximum pour vous accueillir. Et qu’on le prouve mille diù… !

Côté visiteurs, il y a les « randonneurs fugaces », rares heureusement… qui arpentent les allées à une vitesse telle qu’on peut simplement imaginer qu’ils sont venus se mettre à l’ombre ou nous faire de l’air : leurs regards sont droits alors que les livres sont sur les côtés ! Il y a les « regardants en coin » qui ne voient pas les livres sur les côtés car leurs yeux réglés trop bas ne voient que la nappe et parfois vos chaussures ( d’où l’importance pour tout auteur qui se respecte d’avoir grand souci de celles-ci !) ! Il y a les « déréglés de la mire »  qui, arrivés à votre niveau, regardent les livres de la table suivante ou ceux de la précédente, bref jamais la vôtre ! Les « radars fixes » qui fixent vos livres et ne verront jamais même si vous faites les plus savantes pirouettes ou chantez La Traviata, que vous, l’auteur évidemment exceptionnel et adulé par les foules normales, êtes juste derrière ! Mais quel sombre tableau me direz-vous ? Bien entendu, ce dimanche 28 août à Monclar de Quercy, point d’aussi légers et indélicats visiteurs ou si peu. Il y eut les « ceux » qui voulaient le dernier « Durrieu-Mallet-Vernhes-Laprade-Cavalié-Caujolle… », des fidèles d’entre les fidèles,  d’autres aussi qui prenaient le temps de découvrir vos mots et vos écrits, de discuter de vous, d’eux, de tout de rien, de la vie… ceux qui vous offraient leurs regards clairs et vous donnaient de si belles raisons d’espérer et sans le savoir vous emmenaient la plume un peu plus loin, ceux qui acceptaient de partir en voyage avec vous et vous honoraient de leurs futures lectures… prêts à vous emboîter la plume. Oui, ils étaient bien là ceux-là et donnèrent de si belles couleurs à la fête !

Une jeune fille est passée avec son ami. Vingt-cinq ans tout au plus. Ils m’ont dit que les couvertures de mes livres leur plaisaient. Je leur dis que je pouvais ne leur vendre que la couverture mais… que ce serait le même prix que l’ouvrage complet ! Je les invitai à les ouvrir et lentement et avec curiosité, entrer chez moi. Ils lurent quelques lignes. Ils me dirent qu’ils travaillaient dur et n’avaient toujours pas pris de vacances. Je leur proposai de partir en vacances avec mes ouvrages, à moindre frais. Ils n’avaient même pas besoin de défaire les bagages au retour…il suffisait de m’acheter un nouveau livre et de repartir ! On rit beaucoup. On échangea de belles anecdotes sur eux, sur moi, sur l’écriture et la montagne. Et ils partirent… mais j’avais meilleure mine tant ils m’avaient insufflés un sacré « pet » de fraîcheur.

La jeune fille revint une heure plus tard en me disant : « Je veux partir en vacances ! » et emmena mon livre. La couverture et l’intérieur !

Voilà quelque peu résumée la magie des salons du livres, ce pourquoi nous allons installer nos étals d’éternels errants, de joyeux saltimbanques de la plume, dans ces villes et ces villages qui se donnent la peine de nous recevoir… pour y cueillir la lumière de ces belles rencontres !

Voilà, vous l’avez compris, le salon de Monclar de Quercy est une pépinière. Une pépinière d’esprit, de virtuosité, d’imagination, de création… de beaux talents éclos, en cours d’éclosion ou à éclore ! Mais c’est avant tout une belle famille qui a plaisir à se retrouver. Celle que sait rassembler chaque année l’incontournable Robert Linas, maître de cérémonie, comme un patriarche à la verve enthousiaste, à Monclar comme à Négrepelisse, dans ses fiefs quercynois. Et donner l’occasion à chaque auteur de rencontrer  « sur un plateau  » ses lecteurs potentiels ou déjà fidèles. Si ça ce n’est pas un beau cadeau !

Cette année une innovante « pause lecture » fit rencontrer la poésie sous de nombreuses formes et un nombreux public qui apprécia les voix et les mots des auteurs qui récitèrent leurs poèmes et autres textes poétiques. Une heureuse initiative qui demande à être renouvelée et encore plus étoffée par d’autres talents…

On le voit bien, l’équipe « 7 à lire » a le souci de faire vivre l’évènement, d’innover, de surprendre…

Alors que vive le millésime suivant et que nous soyons tous là pour le faire briller… Et vous savez quoi ? A quoi je reconnais un bon salon du livre ? Non, vils esprits bassement matérialistes, pas aux sous que je compte (ou pas…) le soir dans ma pauvre besace d’écrivaillon… on sait bien que nous ne ferons jamais fortune sur un salon du livre ! ( nous allons plus sûrement y chercher  la richesse de rencontres, de projets et d’échanges ). Non, un bon salon du livre est celui au retour duquel on revient gonflé à bloc avec une grosse envie de poursuivre, de continuer à écrire, d’être toujours meilleur ! Et vous savez quoi ? La première chose que j’ai faite en rentrant de Monclar de Quercy ce fut… de me ruer sur ma plume qui avait secrètement espéré quelques douces villégiatures ! Si ça c’est pas un signe !

Adishatz la companhià…

JP Meyer et B Jenni
JP Meyer et B Jenni
Salon du Livre 2016 -  Monclar de Quercy
Salon du Livre 2016 – Monclar de Quercy
J Bienvenu
J Bienvenu
R Laprade
R Laprade

Une réflexion au sujet de « En revenant, le cœur joyeux et l’âme sereine, du salon du livre de Monclar de Quercy… par Jean-Pierre MEYER. »

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