« Les vies multiples du Troubadour Pèire Vidal » Roman de Michel Cosem. Edition du Pierregord.

Michel Cosem
Michel Cosem

Troubadour : de l’occitan trobador trouveur.

Selon Maria Merocal, Troubadour vendrait de l‘arabe tarab qui signifie chanter auquel le suffixe roman « dour » qui signifie tourner vint s’ajouter.

Nous sommes au temps des Croisades, des Cours d’amour, des chevaliers de l’amour courtois. La reine Aliénor d’Aquitaine par son immense influence et son savoir a créé un Cour fastueuse où elle reçoit les premiers troubadours.

Une époque sur laquelle il a été dit que le sud de la France héritant de Rome et des échanges avec l’orient brillait par sa culture raffinée et merveilleusement savante et scintillante.

Imaginer Toulouse avec son Château Narbonnais, les rives de Garonne accessibles à pied aux baigneurs et aux lavandières… Et la traversée de la ville en barque.

Ou bien se glisser en pensée à Saint Pierre des Cuisines pour y chanter la messe avec les nobles venus en invités du Comte de Toulouse, le grand Raymond V qui comme son parent le Roi Alphonse d’Aragon savait l’art de versifier,entretenait et faisait éduquer et instruire une pléiade de jongleurs, danseurs et diseurs de vers et chansons, Ménestrels. Gestes historiques, principalement des guerres de Navarre et autres lais de tous styles du comique à la tragédie.

Nous voici donc en pays de poètes.

Mais ce qui nous captive dès l’entrée de ce roman est la rencontre… La vie dune autre âge qui nous entoure et nous emporte quelque part dans nos rêves et nos souvenirs.

Nous avons tous, nous gens du sud une petite idée de ce temps là et de ces poètes itinérants qui vécurent tant de belles amours et les chantèrent avec tant de mots venus comme de sources lointaines.

Michel Cosem qui a dédié une grande par de sa littérature aux livres pour la jeunesse est également féru d’histoire. De notre histoire et son Peire Vidal, possède la tension et l’intérêt des romans historiques conjugué à l’art de la poésie naturelle et charmeuse.

Par certains aspects il peut nous revenir au cœur et à la pensée, des bribes de souvenirs de pages héroïques du Tasse[4],  dont les opéra baroques ont tant bénéficiés.

Toulouse en 1146 voit la naissance de Peire. Son père Raymond Vidal est pelletier. Mais il souhaite que son fils soit lettré… ou jongleur. Mais pas destiné à courir montagnes et forets pour obtenir des peaux et les travailler… Même si l’or a empli l’escarcelle du bourgeois ; le chasseur de peaux sait ce qu’il en coûte de chercher une telle marchandise.

Le jeune Peire entre sous la protection du Comte de Toulouse à douze ans. Le maître Guiraud, révéré, doté du beau savoir, si essentiel à tout premier pas dans l’apprentissage du beau langage et au travail de la voix, lui trouva la mine avenante et le parler équilibré. Il en fit son élève préféré auquel il enseigna les formes et les tournures et toute façon d’agencer ses pensées et illustrer sa musique intérieure. Et Peire trouva le chemin des mots et gestes d’un apprenti poète, puis d’un troubadour accompli, et quitta alors Toulouse ayant serré, une ultime fois Maître Guiraud dans ses bras à son dernier soupir.

Et Peire se sut capable de partir vers l’aventure et les aventures.

Laissant Toulouse un beau matin, les Pyrénées brillent de leurs abondantes et lointaines neiges sous le soleil d’argent de l’aube.

À partir de ce matin là,muni d’une bourse que lui donne son père, Peire Vidal prend son destin en main. Il monte à cheval… Et ses autres compagnons, pour toujours, sont le luth et sa flûte.

Le château de Puivert en premier lieu où il se mesure aux autres Troubadours comme un grand. Gui de Laurac,Bertrand de Born, Arnaut Daniel, Uc de Cos et les aragonais, les catalans, etc. Un arrêt en auberge de pleine campagne et il découvre que les gens de la terre savent écouter l’eau de ses mots de fleurs et d’amour.

Et puis, lui le toulousain voit sa destination correspondre à l’invitation d’un Roi.

Peire Vidal avance par monts et par vaux. Pour Cour et châteaux du Roi d’Aragon Alphonse 1er,dit le chaste,qui lui veut offrir un avenir sous sa protection, tant Peire possède d’aimables et savantes “belles tournures“ et autant de science et savante manières que de puissants et fort beaux fourmillements d’idées.

Et surtout une capacité exceptionnelle d’invention et d’interprétation de tout ce que lui inspire la vie,la nature et ses rencontres Ses amours et le temps qui passe.

Et dès les premiers tournois et rencontres, il sera vite désigné comme le plus beau, le recherché troubadour de Toulouse.

Il parvient en séjour bientôt chez le roi, au château de Loare et puis à Barcelone Où l’attend une belle saison. Mais sa voie le conduit en Provence à l’instigation d’Alphonse il arrive aux Baux de Provence.

Le séjour s’avère dangereux comme la route qui l’y mena puisque Peire faillit perdre la langue à cause d’un mari jaloux.

Quelques mois de travail et de vie heureux et il doit aussi abandonner les Baux car le seigneur Barral ne se pique pas de trop de patience face à un damoiseau poète et lui voudra plutôt grand mal, au point que Peire s’enfuit vers Marseille bride abattue. Mais soyons lui gré ainsi qu’à Dame Alazaïs d’avoir fait copier sur parchemin les poèmes de Peire.

Et comme vous le verrez notre troubadour s’embarquera jusqu’à Chypre où l’amour de la princesse de Byzance le tient comme Tannhäuser aux bras de Vénus .

Enfin de retour à la Cour d’Alphonse il instruit ses enfants dont Constance jeune et belle princesse qu’il accompagne jusqu’en Hongrie. Et y devient reine.

Et la suite se découvre après une lecture passionnante comme celle d’un roman d’aventure qui vous laisse au cœur le bonheur d’une belle et tendre rencontre.

Ce livre sur Peire Vidal nous montre s’il en était besoin combien notre patrimoine recèle encore de trésors à découvrir .

Bonne lecture

Amalthée

265 pages.Très belle couverture – Édition du Pierregord

Les vies multiples de troubadour Peire Vidal

Voir site Internet  www.editionspierregord.com pour le commander.

[1] Je me souviens d’une de mes professeurs d’histoire qui un jour nous parlant des troubadours disait à peu près ceci pour différencier le nord du sud de la France : En ce temps là le roi de France signait avec une croix !et le comte de Toulouse avec des vers

[2] aujourd’hui sauvé par sa transformation en un remarquable Auditorium

[3] Toulousain

[4] La Jérusalem délivrée

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