
Au bord des bois et dans les friches ensoleillées, la benoîte urbaine (Geum urbanum) s’élève discrète, éclat doré dans l’ombre. Sa tige fine et velue porte de petites corolles jaunes qui s’ouvrent du printemps à l’automne. Ses fruits crochus s’agrippent aux bêtes de passage, tandis que ses racines froissées libèrent un souffle épicé, secret enfoui du sol.
Au printemps, ses jeunes feuilles, encore tendres, apportent aux salades une note verte et légère, vite effacée par l’âpreté des tanins qui s’imposent avec la saison. Ses racines, elles, ont traversé les siècles: infusées dans le vin ou la bière, elles réchauffaient de leur arôme d’épices; glissées dans les sauces, elles rappelaient discrètement la forêt à la table des hommes.
Dans les savoirs anciens, la benoîte offrait davantage encore. Feuilles et rhizome, riches en tanins et en huiles essentielles, calmaient fièvres et diarrhées, refermaient les plaies, apaisaient la gorge, soulageaient l’estomac. L’herbe de saint Benoît accompagnait soldats, guérisseurs et voyageurs, alliée discrète des corps éprouvés et des routes incertaines.
Aujourd’hui, elle nous rappelle que la beauté se niche dans l’humble et le quotidien. Elle invite à regarder autrement les plantes communes qui bordent nos chemins, car chacune porte en elle un éclat de mémoire et de vie.
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